Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Beaucoup de bruit pour rien?

2 Juin 2014 , Rédigé par Patrick Charpentier Publié dans #Savoir, #Compétitivité, #Modèles économiques

Beaucoup de bruit pour rien?

Le débat sur la compétitivité, sur fond de cherté du coût du travail, est devenu central en  France. Il se nourrit puissamment de la comparaison avec l'Allemagne, aussi instamment que SNCF se réclamait d'une comparaison (au demeurant biaisée)  avec DB depuis 15 ans. Il suffit désormais à SNCF de se laisse porter par cette vague, pour  conditionner l'avenir du fret ferroviaire à la seule conclusion d'un  pacte social rénové, comme si tout allait pour le mieux par ailleurs.

Un peu de réalisme: qu'on le veuille ou non, la cherté des coûts unitaires de la main d'œuvre est un marqueur fort des entreprises de réseau. Elle a accompagné leur construction. Elle en constitue une contrepartie.  Il est dangereux de penser que DB a réussi à s'en affranchir. Et celà ne l'a nullement empêché d'améliorer fortement sa productivité du travail et du capital. Donc tout l'inverse de SNCF qui, tout en divisant par deux le nombre de ses cheminots, et par trois son trafic, a dégradé sa productivité et détruit de la valeur.

L'exemple d'outre Rhin est éloquent: en dépit de contraintes fortes, notamment d'un pacte social avantageux pour ses salariés, DB, entreprise historique de réseau, est plus compétitive que les jeunes entreprises de point à point qui la contestent.

Ceci étant, on peut rêver faire mieux que DB. La cherté du coût du travail n'est évidemment pas un dogme intangible. Mais avant d'y toucher, il est préférable de bien mesurer ce que l'on peut attendre de sa remise en cause:

  • beaucoup, sur un large périmètre de trafics, si cela va de pair avec une maîtrise retrouvée des métiers (qui apporte à elle seule 30% de productivité, et qui est la matrice de toute autre source de productivité), 
  • mais pas grand' chose dans le cas contraire: un arsenal virtuel, dont on ne saura pas se servir hors quelques cas limités de trafics de point à point, au plus grand bénéfice de quelques gros chargeurs.

Partager cet article

Commenter cet article

J
si ca ne sert à rien, pourquoi la SNCF met elle tant d'ardeur à définir un cadre social harmonisé?
Répondre
J
elle se réclame pourtant du "temps des marchés", alors qu'elle devrait au contraire justement s'inscrire dans le "temps politique", mais pas celui de la politique à laquelle elle adhère.
I
c comme en politique. l'important c de faire croire que, d'inventer un discours plausible, pour que suffisamment de gens finissent par y croire, c pas d'obtenir un résultat. La SNCF est dans le temps politique, pas dans le temps des marchés