Déni de métiers chez SNCF: les leviers sont dans les flux

Là où on ne voit généralement que le "chemin de fer", nous avons affaire en réalité à quatre  grandes familles très typées de métiers : 

• Worldwide Logistics, Venividi, et Ferroviaire des Eaux sont des métiers de gestion de flux : en trois passes successives, ils rendent chacune des O-D de marchandises compatible avec chacune des contraintes d’utilisation des conducteurs, des locomotives et des sillons. Ce sont des métiers difficiles à identifier et surtout à distinguer, notamment le troisième du deuxième, car la notion de flux n'a pas le côté concret que peut avoir un wagon, un train, une locomotive, ou un sillon.

• Ils s’appuient sur trois métiers de gestion de nœuds, un par nature et fonction de noeud: 
  • les plateformes logistiques pour trier des marchandises afin de saturer les flux de wagons (ou camions) entrants et sortants avec des flux de marchandises, 
  • les triages pour trier des wagons, afin de saturer les flux de convois entrants et sortants avec des flux de wagons,
  • les relais pour "trier des trains", afin de saturer les flux d'étapes entrants et sortants avec des flux de convois.

• Driver Power Services, Marechal Electric Services, RFF convertissent les étapes commandées par La Ferroviaire des Eaux en trois programmes d’utilisation de ressources (hommes, matériels et infrastructures) : ce sont des métiers de gestion de ressources.

• Enfin, Driver Supply Engineering, Engine Repair Station, RFF rendent ces ressources prêtes à l’emploi (les recrutent, les forment, les achètent au besoin, les entretiennent, etc.) : ce sont, au sens large, des métiers de maintenance.

Chacun de ces métiers consomme du travail et du capital et porte un risque économique spécifique. Les métiers de gestion des flux ne consomment que 10% du capital et du travail d’une entreprise qui, telle DB ou SNCF, couvre l'ensemble de la chaîne de la valeur. Il est donc normal que les autres métiers, parce qu'ils en consomment 90%, monopolisent l'attention. Mais prudence quant aux conclusions: leur poids écrasant dans la chaîne de la valeur ne reflète pas leur part de responsabilité dans cette consommation. Car la plupart des leviers pour maîtriser cette consommation ne leur appartiennent pas.

En effet, c’est en amont, dans les trois processus distincts de massification des flux (Worldwide Logistics, Venividi et Ferroviaire des Eaux), en eux-mêmes peu consommateurs de travail et de capital, que se joue grandement la quantité de travail et de capital consommée en aval par les gestionnaires de ressources et les mainteneurs : meilleures sont les performances de Worldwide Logistics, Venividi et Ferroviaire des Eaux, plus réduite est - à trafic équivalent - la charge qu’ils confient aux gestionnaires de ressources, plus bas sont les coûts totaux du travail et du capital.

Il faut "faire tourner les actifs" pour trouver une meilleure rentabilité, répète-t-on inlassablement. Le propos est juste. Mais les leviers ne sont pas toujours identifiés: quoique les actifs (wagons, locomotives, etc.) soient es qualité entre les mains des gestionnaires de ressources, leur rotation dépend très principalement de la performance des gestionnaires de flux. La solution n'est donc pas là où on a tendance à la chercher.

Comments

[Pourlefret]

Faire tourner les actifs. Typique des wagons.
Les wagonniers et les achemineurs ont chacun leur part de responsabilité À chaque fois qu'on a voulu mélanger les deux sous prétexte qu'un seul homme s'en débrouillerait mieux que deux, on a dégradé la rotation

[sigmund.fr]

"La solution n'est donc pas là où on a tendance à la chercher". Y a un test : relier 9 points disposés en carré sur une feuille de papier en 4 traits, sans lever le stylo.

[jpageot]

pourquoi parler de convois et pas de trains?